Séances plénières 2022

Première séance plénière

Francis Bangou, Université d’Ottawa

Promouvoir l’inhabituel dans la formation des enseignant.e.s de langues : Une expérimentation néo-matérialiste

(Cette présentation sera réalisée principalement en anglais)

13 mai 2022 à 11h (heure de l’Est)

L’intérêt croissant pour les perspectives néo-matérialistes en linguistique appliquée et en didactique des langues témoigne de la nécessité de concevoir des ressources conceptuelles, méthodologiques et pédagogiques à contre-courant, orientées vers l’avenir et créatives (Bangou & Waterhouse, 2020 ; Geers & Carsten, 2021 ; Toohey, 2019). Cette présentation s’inscrit dans cette mouvance et vise à illustrer ce qui pourrait être produit lorsque des pensées néo-matérialistes atypiques sont mises au service de la formation des enseignant.e.s de langues. Pour ce faire, une carte des grands courants de pensée néo-matérialistes servira de tremplin pour illustrer comment les pensées et les concepts non conventionnels du néo-matérialisme ont contribué à la conception d’un cours en ligne en enseignement des langues assisté par la technologie destiné aux enseignant.es stagiaires et expérimenté.e.s. Puis, à l’aide de la rhizoanalyse, nous cartographierons les manières dont de multiples éléments matériels, expressifs et humains ont ouvert ou entravé de nouvelles voies transformatrices pour les enseignant.e.s de langues stagiaires. Enfin, nous discuterons de la manière dont les pensées néo-matérialistes pourraient contribuer à étendre la formation des enseignant.e.s de langues dans des territoires jusque-là inexplorés.

Biographie

Francis Bangou est professeur agrégé en didactique des langues secondes à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. Son programme de recherche comprend deux volets. S’inspirant de la pensée néo-matérialiste et de l’ontologie relationnelle de Deleuze et Guattari, le premier volet se concentre sur la formation initiale et continue des enseignant.e.s de langues et plus précisément sur leur capacité à travailler dans des classes de langues connectées et en constante évolution. Le second volet porte sur l’adaptation des enseignant.e.s à la diversité ethnolinguistique des élèves dans les écoles francophones de l’Ontario. Francis Bangou est également le président du groupe de recherche Éducation et langues (EducLang). Cette équipe travaille actuellement sur un projet de recherche de quatre ans financé par le Conseil de recherches en sciences humaines qui vise à explorer comment des pratiques inclusives spécifiques intégrant les technologies numériques et les langues d’origine des élèves sont mises en œuvre dans des contextes francophones et anglophones où les allophones apprennent l’une des langues officielles du Canada. De plus, il a récemment coédité le livre Deterritorializing Language, Teaching, and Learning : Deleuzo-Guattarian Perspectives on Second Language Education ainsi qu’un numéro spécial de la Revue canadienne des langues vivantes intitulé Regards néo-matérialistes sur la didactique des langues. Enfin, Francis Bangou a aussi siégé au conseil exécutif de l’ACLA en tant que vice-président (2016-2018) et président (2018-2020).

Deuxième séance plénière

Daphnée Simard, Université du Québec à Montréal

Caractérisations de productions orales en langues secondes : regard croisé sur des variables linguistiques, cognitives et affectives

(Cette présentation sera réalisée principalement en français)

14 mai 2022 à 11h (heure de l’Est)

Nul ne conteste le défi que peut représenter la production orale en langue seconde (L2). En effet, s’exprimer en temps réel au moyen d’un système linguistique qui n’est pas nécessairement entièrement maitrisé constitue une tâche complexe et cognitivement exigeante (Segalowitz, 2010). Et comme si ce n’était pas assez, ce tour de force met en jeu toute une gamme d’émotions (p. ex., Dewaele, 2007; Dewaele & MacIntyre, 2014). Lors de mon exposé, je me propose d’explorer cette tension entre connaissances linguistiques, ressources cognitives et état émotionnel lors de la production orale en L2. Ce regard croisé permet une caractérisation de la production orale encore peu explorée en langue seconde. Pour ce faire, j’aborderai, d’abord, la production orale selon le modèle de Levelt (1983, 1989, 1999) et traiterai plus précisément du mécanisme d’autorégulation de la parole, qu’il postule. L’autorégulation présente cet avantage d’offrir des informations directes sur les mécanismes cognitifs et les processus linguistiques en jeu lors de la production orale (Kormos, 1999). À l’aide de données langagières, j’explorerai, ensuite, de quelle manière les aspects cognitifs et linguistiques révélés dans l’autorégulation interagissent entre eux, et avec les états émotionnels des locuteurs non natifs lors de leurs productions orales en L2. Je tenterai une explication de ces interactions au moyen d’un regard théorique, entre autres, à l’aide de la théorie d’expansion-construction de Fredrickson (p. ex., 2001, 2013), en prédisant des effets distincts des émotions positives et négatives sur le déploiement des ressources cognitives nécessaires à la réalisation de tâches telles que la production orale. Je terminerai en présentant des implications possibles des relations qui existent entre ces variables lors des productions orales en L2.

Biographie

Daphnée Simard (Ph.D., ULaval, 2001) est professeure titulaire en acquisition des langues secondes au département de linguistique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Ses intérêts de recherche sont doubles. D’abord, elle étudie le rôle joué par des variables individuelles cognitives telles que la capacité attentionnelle et la mémoire dans l’acquisition d’une langue seconde. Elle travaille également sur la relation entre la conscience linguistique, que ce soit la réflexion sur langue ou encore les habiletés métalinguistiques et l’acquisition linguistique auprès de différentes populations (enfants de langue d’origine, adultes apprenant d’une L2). Elle travaille en ce moment avec son collègue Michael Zuniga (UQAM) sur la production orale en L2, les caractéristiques cognitives des locuteurs et leurs états émotionnels. Ses recherches sont entre autres financées par le CRSH (Savoir). Ses travaux ont été publiés notamment dans les revues Bilingualism, Language and Cognition et Journal of Psycholinguistic Research. Par ailleurs, elle a été directrice de l’Institut des sciences cognitives de l’UQAM de 2014 à 2017. De plus, après avoir siégé au conseil d’administration de la Revue canadienne des langues vivantes de 2002 à 2008, elle est maintenant corédactrice en chef de la revue, aux côtés de Donna Patrick (UOttawa). Enfin, elle a également été membre du conseil exécutif de l’Association canadienne de linguistique appliquée de 2005 à 2011.

Troisième séance plénière

Jan Hare, University of British Columbia

Land, Language, and Learning: Living in Good Relations

(This talk will primarily be offered in English)

May 15, 2022 at 11 am (EST)

Indigenous ways of knowing, including ancestral languages, come from Indigenous people’s relationship to land and are rooted in their long inhabitation of a particular place (Barnhardt and Kawagley 2005). Land is central to any discussions regarding decolonization, reconciliation, and sovereignty as we contemplate contemporary Indigenous-settler relations. It is a starting point from which language educators can draw awareness of dominant discourses that operate in teaching and learning and challenge embedded issues of colonialism. In this presentation, I consider Land education (Tuck, Mckenzie, & McCoy, 2014) as pedagogy, where Indigenous languages converge with the material, spiritual, and relational dimensions of land and place. In doing so, I provide insights in to how Indigenous languages reverberate within and through land/place to reveal: 1) land-centered knowledge that can create educational space to disrupt settler histories and identities, while at the same time building new knowledge so that we may live in good relations with the land and with each other; and 2) pedagogical approaches that draw from knowledges across human and more-than-human relationships to advance Indigenous language resurgence.

Bio

Dr. Jan Hare is an Anishinaabe-kwe scholar and educator from the M’Chigeeng First Nation, located in northern Ontario. She is Professor and Dean pro tem in the Faculty of Education at the University of British Columbia. In addition, she holds a Canada Research Chair (Tier 1) in Indigenous Pedagogy. Her research is concerned with transforming educational institutions from K-12 schooling through to post-secondary education by centering Indigenous knowledges and pedagogies in teaching and learning. This work has led to the development of the Massive Open Online Course (MOOC), Reconciliation Through Indigenous Education, which has been taken by over 70,000 people worldwide.